DROIT D'USUFRUIT : UNE QUESTION DE FRUIT OU DE PROPRIETE ? PARTIE I
INTRODUCTION
Peut-être que cette pluralité affaiblit en partie l’unité originelle ; on assiste alors, comme l’avait noté Martine Behar-Touchais, à un éclatement progressif au sein de disciplines qui deviennent — pourquoi le nier — un peu des micro-univers autonomes... y compris face au droit commercial ou au droit du travail, flickant en coulisse.
La place du droit civil dans l’ordre juridique
Dans l’architecture du droit, la distinction entre droit public et droit privé demeure fondamentale. Le premier régit les rapports entre l’État et les citoyens ; il exprime la puissance publique. Le second, auquel appartient le droit civil, règle les rapports entre les particuliers placés sur un pied d’égalité juridique.
Le droit civil occupe ici une place singulière : il est le droit commun du droit privé. Cela signifie qu’il s’applique chaque fois qu’aucune règle spéciale — qu’elle soit commerciale, sociale ou de la consommation — n’est venue déroger à ses principes. C’est pourquoi le Code civil, souvent qualifié de « Constitution du droit privé » par Jean Carbonnier, conserve toute son autorité.
Son influence dépasse d’ailleurs les frontières françaises. Le Code civil de 1804, devenu un modèle de clarté et de cohérence, a inspiré de nombreux pays, dont la Côte d’Ivoire, qui en a adapté les grandes lignes dans son propre système juridique. Ainsi, comprendre le droit civil, c’est comprendre la logique même du droit privé.
Les grandes branches du droit civil
Le droit civil embrasse une diversité de matières, mais celles-ci gravitent toutes autour d’un même centre : la personne humaine et ses rapports juridiques avec les autres et avec les choses.
Traditionnellement, on distingue cinq grandes branches qui forment la structure interne du droit civil : le droit des personnes, le droit de la famille, le droit des biens, le droit des obligations et le droit des successions et des libéralités.
- La première branche, le droit des personnes, est celle qui confère à l’être humain son statut de sujet de droit. Elle détermine qui peut être titulaire de droits et d’obligations. Le droit des personnes s’intéresse ainsi à la personnalité juridique, à la capacité d’exercice, au nom, au domicile ou encore à la nationalité. Il s’étend également aux personnes morales — sociétés, associations, fondations — qui, bien que fictives, possèdent une existence juridique propre. Sans ce droit des personnes, aucune autre branche du droit civil ne pourrait exister, car il définit l’acteur central de tout rapport juridique : l’homme.
- Vient ensuite le droit de la famille, branche profondément humaine, qui régit les relations entre les membres d’une même cellule familiale. Il englobe les règles relatives au mariage, au divorce, à la filiation ou encore à l’autorité parentale. Ce droit est le reflet des valeurs sociales d’une époque : il traduit la conception que la société se fait de la famille, de l’égalité des époux, de la protection des enfants. En consacrant la solidarité familiale, il dépasse la simple logique juridique pour atteindre celle de la morale et de la cohésion sociale.
- Le droit des biens s’attache quant à lui aux rapports entre les personnes et les choses. Il détermine les conditions de la propriété, de l’usufruit, de la servitude ou de la possession. L’article 544 du Code civil définit la propriété comme « le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue », sous réserve de ne pas en faire un usage prohibé par les lois ou les règlements. À travers cette définition, se manifeste une philosophie du droit civil : celle de la liberté et de la responsabilité dans l’usage des biens. Le droit des biens protège à la fois le propriétaire et la stabilité des échanges économiques.
- Le droit des obligations, sans doute la branche la plus dynamique, régit les liens juridiques entre personnes. Il s’agit de ces situations où une personne est tenue envers une autre d’une prestation : donner, faire ou ne pas faire. Il comprend les obligations contractuelles — nées de la volonté des parties — et les obligations délictuelles — nées d’un fait dommageable. Cette matière est essentielle à la vie économique : c’est elle qui encadre les contrats, garantit la loyauté des échanges et organise la réparation des préjudices. Elle représente le cœur battant du droit privé contemporain.
- Enfin, le droit des successions et des libéralités s’intéresse à la transmission du patrimoine après le décès d’une personne. Il cherche à concilier deux principes : la liberté du défunt de disposer de ses biens et la protection des héritiers réservataires, auxquels la loi garantit une part minimale de l’héritage. Ce droit, à la croisée du patrimoine et de la famille, illustre la continuité juridique de la personne : il assure que les droits et obligations ne s’éteignent pas totalement avec la mort, mais se prolongent dans la génération suivante.
Une unité derrière la diversité

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